Par Bongs Lainjo
Je considère l’esclavage comme étant «l’incarcération» d’êtres humains (hommes, femmes et enfants): un processus au cours duquel les responsables utilisent les victimes en tant que femmes de ménage, fermiers, ouvriers et même en tant que maîtresses. Il y a évidemment la définition traditionnelle de l’esclavage où les individus sont confinés en tant que propriété légale. Une pratique qui est éventuellement devenue illégale heureusement. Dans cet article, les termes esclavage et trafic d’esclaves sont utilisés de façon interchangeable.
Ce qui me vient tout d’abord à l’esprit quand je pense à l’esclavage, ce sont les pays impliqués tels que les États-Unis, les pays d’Europe, la Grande-Bretagne et leurs colonies, le Brésil, l’Inde (où les responsables furent les Portugais) et le Canada. Le Canada? Vraiment? La plupart se demanderait. En se fiant sur textes publiés dans Wikipedia, ce qui suit, entre autres rapports, est une confirmation de l’implication du Canada dans le trafic d’esclaves. «L’esclavage était une institution légale dans toutes les 13 colonies américaines et au Canada (acquise par la Grande-Bretagne en 1763)». Alors oui, nous faisions partie de ce commerce honteux et inhumain: une pratique qui continuera à faire partie de notre histoire.
Dans son rapport 2016 sur l’indice global d’esclavage, la Fondation «Walk Free» a rapporté qu’il y a environ 45,8 millions d’individus faisant partie de pratiques modernes d’esclavage. Le rapport indique également que plus de la moitié de la population d’esclaves modernes se trouve en Inde, notamment 18,35 millions d’individus; La Chine ayant 3,39 millions; Le Pakistan ayant 2,13 millions; Le Bangladesh ayant 1,53 millions et l’Ouzbékistan ayant 1,23 millions. Ces statistiques furent compilées à partir de 42,000 entrevues dans 53 langues. En considérant plusieurs impliqués n’ayant possiblement pas divulgué leurs situations, il est probable que la population d’esclaves au niveau mondial soit plus élevée. Cette triste réalité doit être prise au sérieux! Nous ne pouvons plus nous reposer et espérer que l’humanité se questionnera et fera ce que l’on croit être juste. Qui aurait cru qu’après plus d’un siècle où l’esclavage fut jugé une pratique illégale, une autre version d’humiliation humaine servirait en tant que norme dans certaines communautés? Ces données renversantes servent aussi de rappel évident que les lois ne sont qu’efficaces que si elles sont respectées. C’est à nous tous, participants ou non, de s’opposer à de telles activités en grande force et de continuer à plaider auprès des gouvernements pour lois plus efficaces à cet égard.
Dans un article publié dans La Presse+ de Montréal, il fut rapporté que l’esclavage fut une pratique qui exista dans la région de Montréal pour environ 200 ans. Et selon le journal, l’un des propriétaires d’esclaves était James McGill: le fondateur de l’Université McGill. Son cas me rappelle des jésuites de l’université de Georgetown en 1838 qui trafiquaient des esclaves pour financer quelques dépenses; une période où les victimes inclurent un bébé de deux mois et sa mère. Quelle horreur! L’article décrit davantage que l’esclavage fut l’une des sources de sa richesse. Autres propriétaires inclurent Marguerite d’Youville qui eut six enfants et fonda une association de femmes; Frontenac, le gouverneur de la Nouvelle-France; Madeleine De Verchères, célèbre pour ses actes contrant les Iroquois; et les jésuites où de nombreuses communautés religieuses possédaient des esclaves.
L’article du journal, citant l’historien Marcel Trudel (auteur et spécialiste sur l’esclavage), indique qu’il y avait 1525 esclaves à Montréal: 1007 amérindiens (impliqués dans l’esclavage intra-ethnique) et 518 noirs durant régimes français et anglais. Dans ce dernier cas, les propriétaires étaient membres de l’élite, commerçants, officiers militaires et membres du clergé entre autres individus. L’historien a également révélé qu’il y avait un plus grand nombre de femmes comparativement aux hommes, avec la moyenne d’âge étant 17,7 ans; spécifiquement employées en tant que femmes de ménage et autres étant épouses (les mariages mixtes étaient communs) qui étaient acceptées comme épouses légales de leurs maîtres respectifs. Les hommes furent généralement commerçants de laine et accompagnateurs d’expéditions variées. Selon les recherches, 4200 esclaves existèrent au Québec entre les années 1629 et 1833.
Explorons maintenant les faits sur l’esclavage dans les Maritimes. Tout d’abord, le rôle des loyalistes étant considérés comme propriétaires explicites d’esclaves et qui considéraient les esclaves comme étant leur propriété. Mais qui étaient-ils? Wikipedia les définit comme suit: «Les loyalistes étaient des colons américains ayant demeuré fidèles à l’Empire britannique et à la monarchie britannique pendant la guerre d’indépendance américaine». À l’époque, ils étaient souvent appelés des tories, royalistes ou hommes du roi; les patriotes les déclaraient comme étant des «personnes opposés aux libertés de l’Amérique». Ils étaient des propriétaires réputés d’esclaves qui se sont installés à l’Île-du-Prince-Édouard, au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse. Ils étaient très opposants, tenaces et directs lors de tentatives de les priver de leur propriété. À un temps donné, seule l’Île-du-Prince-Édouard parmi les trois provinces comprenait des lois abordant l’esclavage et ses effets.
Dans un article intitulé «Les conflits concernant l’esclavage dans les colonies maritimes» par Harvey Amani Whitfield de l’Université du Vermont, l’auteur affirme que le nombre exact d’esclaves dans les Maritimes était inconnu. L’article inclut «En 1784, Robert Morse estima qu’il y avait 1232 «domestiques» dans les colonies loyalistes. Le nombre de ces domestiques représentant des esclaves demeure difficile à confirmer». L’article indique également qu’il y avait environ un maximum de 300 esclaves à un moment donné entre les années 1713 et 1758.
Alors le Canada est-il exonéré? Les données démontrées ci-dessus indiquent le contraire. Nous étions des participants ayant favorisé l’acquisition d’une «main-d’œuvre à faible coût» d’Afrique qui servait de propriété et fournissait des services à leurs maîtres lorsque requis. En considérant la nature proactive de notre gouvernement actuel favorisant les «nouvelles ententes», nous aimerions croire (en pensant aux exemples de pensionnats autochtones et d’excuses présentées à la Chambre des communes aux indiens rapatriés à leur arrivée) qu’une intervention gouvernementale serait non seulement appropriée, mais opportune et gratifiante. Nous devons tous cesser de se plaindre du passé et être reconnaissants pour un avenir très probable d’un Canada plus inclusif et positif. Et c’est pourquoi la mise en place d’un monument culturel pour mettre en évidence notre passé honteux servira en ce qui concerne nos remords, notre compréhension et notre empathie!
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